Bouger

Si vous ne pouvez pas voler, alors courez. Si vous ne pouvez pas courir, alors marchez. Si vous ne pouvez pas marcher, alors rampez. Mais quoi que vous fassiez, continuer d’avancer.

Martin Luther King

J’ai mis le temps car j’étais plutôt contemplatif enfant, mais depuis l’adolescence j’adore sentir mon corps bouger dans la marche, la course, le vélo, dans la danse surtout, le déguisement... J’aime aussi me déplacer dans l’air, dans l’eau, en voiture, en kart, en ski, à cheval, sur un âne, un éléphant, un crocodile qu’importe. Et puis ensuite me poser avec un livre, un bon whisky, un cigare. Trop indépendant et maladroit je n’ai jamais, par contre, trop apprécié les sports collectifs préférant l’effort solitaire ou en petit groupe amical ou familial.

Dans les branches de cette ramure de l’arbre, on trouvera sept de mes activités de prédilection. Je parlerai ici de quelques autres.

La voiture, je l’ai apprécié sur le tard quand j’ai pu m’en payer des jolies, sans être un grand connaisseur pourtant, voitures achetées d’occasion souvent sur la N7 et sur des « coups de cœur » avec Claudine. Il fallait qu’elles soient solides pour me permettre de faire mes 35 000 kilomètres moyens annuels professionnels et un peu personnels. Je me souviens de la première la 2CV bleu ciel de Claudine qui nous amena en Écosse, de la R5 verte qui me fit déraper sur le verglas du Nord, de la R9 rouge qui nous amena jusqu’en Norvège, de l’Espace verte qui nous promena au Portugal et en Espagne, de la Honda bleue vers l’Italie. Puis vint la somptueuse 406 bleue et des décapotables coupées Peugeot, dorée puis blanche en passant par la capricieuse Jaguar verte et cuir dont le moteur s’emballait mystérieusement. Bref nous joignîmes l’indispensable à l’agréable, condition sine qua non pour supporter les milliers d’heures passées dans les bouchons franciliens ou là je ne pouvais plus… bouger !

Un mot encore sur mes périples africains qui me firent aller, depuis Bamako au Pays dogon ou en Guinée, ou depuis Ouagadougou vers Po, Banfora ou Kara au Togo, que de souvenirs épiques notamment mécaniques !

Le cheval j’aurais aimé en faire plus. Cet animal qui fait mal aux fesses quand on le monte mal, ce qui est mon cas, est fascinant. J’aurais aimé dans une autre vie être centaure (le « roi des aulnes » de Michel Tournier m’a envoùté). J’ai fait, à 20 ans, six mois de cheval et malgré les efforts et la colère de notre monitrice je ne tombais pas de monture quelque soit le cheval essayé. Des souvenirs de galop dans la forêt de Sénart et de sauts sans selle et sans rênes me sont restés gravés. Il m’aura fallu attendre 45 ans pour en refaire une heure à Cuba avec mon frère Jean puis plus tard à Madagascar dans la brousse et la mer de Nosy Be. Entre temps j’avais fait un peu l’âne au Sahel.

A mi-chemin entre la voiture, le vélo et le cheval, il y a la moto je n’en ai pas fait, trop lourd pour moi, mais très beaux sont ces engins souvent. Par contre j’ai le souvenir, très chaud, de deux grands périples de plus de 80 km en mobylette des rives du Mékong à Saigon, et de Guibaré à Ouagadougou.

Un mot sur le ski, découvert tard, je me suis retrouvé à 22 ans en haut d’une montagne sans en avoir jamais fait et j’ai descendu tout schuss ! Par la suite j’ai suffisamment progressé ; en en faisant une fois tous les dix ans, pour moins mal maitriser ce sport grisant quand il fait beau dans des stations d’exception, Chamonix, Megève ou La Cluzaz. Deux fois du jet ski, à Haiphong d’abord puis dans la baie de la Baule, vingt ans plus tard en 2020, avec mon fils Tanguy et mes petites filles Julie et Valentine.

J’ai eu la chance de participer en 1990 à un « challenge Trophy » qui réunissait quelques dizaines équipes de 4 hommes sélectionnés par entreprises. Il fallait alterner la course, marche, le vélo, le canoé, et l’orientation de nuit comme de jours et cela pendant trois jours en dormant sous la tente. Cela me correspondait bien et je fis preuve d’une belle endurance alors que j’étais loin d’être un athlète.