Jeu de Go

Cette forme de dialogue silencieux, de partage du même territoire, s’inscrit dans le droit fil de la pensée chinoise qui va de la philosophie du yin-yang à la diplomatie du ping-pong !

Pascal Loup

Ma découverte du jeu de Go date de 1970. J’ai tout de suite compris que j’étais fait pour ce jeu merveilleux venu du fond des temps de la Chine éternelle mais magnifié par le Japon des Shogun. Ce jeu de conquête de territoires, je me le représente comme un plan d’aménagement et de construction cosmique d’un univers ludique à se partager. Très vite je me suis retrouvé au « Trait d’Union » à Paris où enseignait déjà maître Lim. J’ai pu y jouer avec des joueurs exceptionnels : Mérissert qui sera champion d’Europe, Feldmann, Dicky et Aroutchef pédagogues hors pair mais aussi le poète Jacques Roubaud coauteur avec Perec du fameux « petit traité invitant à l’art subtil du go ». Plus tard sont arrivés Moussa, multiple champion de France (14 fois !), Hubert, Lalo et bien d’autres compagnons de jeu. Ma meilleure performance demeure une troisième place au championnat de France de Go en 1973. Je suis resté dans les dix meilleurs joueurs de go français pendant sept ou huit ans.

J’ai fait des progrès rapides au Go, premier Kyu en un an, premier Dan en deux ans. Je progressais grâce à mes résultats en tournoi, ma force de combat dans le chuban, mais pas par ma technique particulièrement faible en josekis et yose (début et fin de partie). Il est vrai que je passais plus de temps au club de Go qu’en fac d’économie ! Un jour j’ai eu la chance d’être choisi (merci André Moussa) pour représenter la France au premier séminaire pédagogique au Japon en 1975. Avec huit autres joueurs européens nous avons été reçus royalement et, entre repas chez des maitres (Fujisawa Hosai, Ogawa Tomoko, Sakata, Kajiwara…), soirée Geishas, bains japonais, j’ai joué plusieurs parties officielles que j’ai généralement gagnées en tant que deuxième dan mon meilleur niveau. Mon grand souvenir : une partie à six pierres de handicap avec Fujisawa Shuko "Kisei" (le meilleur joueur de Go à l’époque), avec lequel j’ai fait égalité (« jigo » fait rare au Go) faisant ainsi la une du Yomuri Shibun, le lendemain.

De retour en France je n’ai eu qu’une idée créer une revue sur le Go. J’ai fini par y arriver avec l’aide inestimable de quelques courageux (Petit Jean, Gabella, Hubert, puis Lalo et Heaulmé ainsi que Claudine, voir revue numéro 100) et j’ai tenu cinq ans en tant que Président. La sortie du numéro spécial « Regards sur Le Go » a été un grand moment, j’en ai développé le concept éclectique dans « Le Go aux sources de l’avenir » plusieurs fois réédités. Avec Jean Pierre Lalo j’ai aussi publié un petit livre sur les règles de Go. Entre temps je m’étais amusé sur Arras à créer un marathon go-échecs qui a réuni en 1979 une cinquantaine de joueurs dans une ambiance ludique et festive.

Le Go aux sources de l
Le Go aux sources de l’avenir
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Même si j’ai beaucoup joué au début, je suis parti ensuite en province et en banlieue et j’ai progressivement très peu pratiqué pendant une trentaine d’années. Aujourd’hui‘hui je rejoue sur Angers, comme 1 à 2ème Kyu et je suis devenu président du nouveau club fin 2018. Nous organisons en avril 2019 un tournoi de parties semi rapides avec l’institut Confucius, avec conférences, hébergement, gastronomie..
En 2022 je termine deuxième derrière François Missesyn du championnat de France vétérans que nous organisons à Angers , puis avec notre équipe (Théo, Loïc et moi) nous prenons la seconde place du tournoi par équipe à Rennes.

Comme beaucoup je suis très surpris de voir que les meilleurs joueurs du monde ont dû s’incliner face à l’ordinateur. Le règne de l’intelligence artificielle peut maintenant s’étendre, gare aux robots !

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