Guinée

La Guinée des années soixante du siècle dernier n’avait rien à voir avec ce qu’elle est devenue. Conakry sa capitale était alors une perle de l’Afrique et nous y eûmes pour un an une maison au bord de l’Océan, sur la corniche, tout près de la ville mais de plein pied ou presque dans les éléments naturels : arbres, ressac, singes, serpents, fourmis rouges, cafards, tam-tam. Le chauffeur nous amenait, mon frère Noël et moi, à l’école des sœurs le matin puis revenait nous chercher pour nous amener sur la plage presque chaque midi et soir ou nous retrouvions nos autres frères et ma mère.

Cette belle vie prit fin brutalement quand Sékou Touré déclara la rupture avec le franc CFA et vira, quasiment manu militari, les français de l’ambassade de France, dont mon père au première loge des échauffourées patriotiques de la Guinée ! Nous eûmes tout de même le loisir, au préalable, de visiter Kindia, ses cascades et son institut Pasteur qui donna peut être envie à mon frère Gilles d’y rentrer plus tard.

Bien plus tard je revins en Guinée avec Denis depuis le Mali, traversant le magnifique Fouta Djalon par des routes défoncées, des voitures dézinguées, dormant dans des hôtels invraisemblables, crevant la dalle et de soif, tant ce pays semblait à la dérive. Deux ou trois dictatures, la corruption, l’explosion démographique, l’inflation et les erreurs politiques, avaient fait de Conakry une ville anarchique et sale. Pourtant la Guinée est un pays riche de matières premières et de vitalité. Si nous ne sommes pas parvenus à travailler dans ce pays Denis et moi, il nous fut agréable d’y danser la rumba congolaise, de visiter des îles magnifiques accessibles en pirogues à moteur et de lier amitiés avec des Keita, des Camara et autre "soussou" ou "malinké", pas toujours très honnêtes mais très attachants.