Vietnam

Le Vietnam pour nous c’était le pays de la guerre, avec la France d’abord quand nous étions vraiment petits, puis avec la « vilaine » Amérique, et enfin contre le Cambodge. Pour le Vietnam et les vietnamiens en quasi guerre permanente depuis cinquante ans nous avions admiration, compassion puis un certain rejet quand les communistes ont montré un visage moins avenant envers les libertés du peuple.

Quand Tung, notre fils parrainé et boat people, a obtenu la nationalité française il a été prêt à revoir sa famille et ses amis restés la bas mais sous réserve que nous venions avec lui car il avait peur de se faire arrêter. Il voulait que ses deux « mamans » du Vietnam et de France se rencontrent. Ce voyage eut lieu en 1993 avec tous nos enfants, ce fut très émouvant et parfois déroutant. Le Vietnam d’alors sur les bords du Mékong près de Mytho ne possédait pas d’électricité ou presque, de télévision, de téléphone, de liberté mais la rencontre entre la famille française et la famille vietnamienne fut un grand moment au-delà des mots. Tout le village était là nous touchant, au sens propre et au sens figuré, et nous dévorant des yeux. Nous fîmes un seul déplacement en dehors des rives du Mékong, à dix vers Saïgon puis Dalat, à l’ occasion de ce premier voyage épique.

En l’an 2000 second voyage familial cette fois nous avons commencé par le Nord Vietnam pour aller voir la famille de Thu l’épouse de Tung : Haiphong et ses plages, la baie d’Along découverte en bateau privé, Hanoï la belle, la campagne et festins avec la grande famille. Retour ensuite vers le Sud Vietnam pour revoir la famille de Tung et les voisins et engranger des souvenirs de repas délicieux, de promiscuité bien vietnamienne, de balades à vélo, et de pluies diluviennes rafraichissantes. Le Vietnam a déjà bien changé il progresse à vue d’œil, quel peuple dynamique, âpre au gain et travailleur.

Entre temps je m’étais rendu en 1994 quelques jours au Vietnam pour essayer d’écrire un livre (Dans l’esprit de celui fait sur Mariam) sur une fillette vietnamienne que nous avions connu au voyage précèdent : la petite Suong aux parents, voisins, et frère adorables. Ce fut une courte mais belle expérience, malheureusement le livre ne put se faire car je fus trahi par l’éditeur Harmattan sur ce projet. A l’occasion de ce voyage je me suis retrouvé tout seul dans la nuit à l’aéroport et j’ai dû trouver un taxi, et le guider sur une centaine de kilomètres pour retrouver la maison de Tung en passant par celles de ses cousines à Saïgon (que nous avions amené à Dalat), une sacrée concentration et sens de l’orientation ! Au retour vers l’aéroport pour aller à Hong Kong acheter des Mah-jongs, les frères de Tung m’ont ramené, en mobylette, à l’aéroport par le chemin en terre des écoliers avec plusieurs bacs et sans casquette j’ai failli défaillir de déshydratation et d’insolation.

Aurons nous l’occasion de revenir au Vietnam ?